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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

Elle baissa la tête, tout émue. Mme de la Vaudraye qui lui avait apporté cette lettre de son fils et qui attendait qu’elle l’eût finie, lui dit d’un ton assez agressif :

« Je voudrais bien un mot d’explication, Gilberte. Hier, mon fils se bat en duel sans motif sérieux. Aujourd’hui, il me quitte sans me donner de raisons. Ces deux événements, dont vous avouerez la gravité pour une mère, ont-ils quelque rapport avec vous ? »

Gilberte tendit la lettre. Mme de la Vaudraye lut et haussa les épaules.

« Vous êtes donc si riche ? »

La jeune fille lui présenta une autre lettre reçue le matin, où le notaire de Dieppe lui exposait son compte trimestriel. Mme de la Vaudraye sursauta.

« Non, ce n’est pas possible ! Ah ! mon enfant, que Guillaume ne le sache jamais !

— Puisqu’il est parti…

— Vous dites cela tranquillement ! vous n’êtes donc pas affligée de ce départ ? vous ne l’aimez donc pas ?

— Si, je l’aime.

— Alors, écrivez-lui.

— Lui écrire ?

— Oui, qu’il revienne… que sa situation de fortune vous est indifférente… »

Elle parlait avec embarras. Gilberte en fut gênée pour elle. Cependant elle déclara :

« Je ne puis écrire. C’est à Guillaume seul de résoudre la question qui se pose entre lui et sa conscience. »

Mme de la Vaudraye eut un geste d’impatience, et s’écria :