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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

sion magnifique de l’amour, tellement il lui était doux de se savoir aimée et de savoir qu’elle aimait.

Elle s’inclina gentiment vers lui.

« C’est donc vous celui que j’aimais, et c’est vous que j’aime, Guillaume ?

— Gilberte… je vous en supplie.

— Que voulez-vous ? dites-moi ce que vous voulez, Guillaume.

— Vos yeux, Gilberte, baiser vos yeux purs, vos yeux de petite fille. »

Fermant les paupières, elle les offrit, comme une chose toute naturelle. Il la prit dans ses bras et l’attira. Mais un frisson la secoua aussitôt. Elle eut un mouvement instinctif de résistance et gémit :

« Non… non… oh ! je vous en prie… »

Elle ne riait plus maintenant. Une rougeur couvrait ses joues et son front. Elle n’osait plus le regarder, et : le regard de Guillaume lui faisait presque mal. Cette fois, c’était la vraie, la troublante, la mystérieuse révélation de l’amour. Brisée d’émotion, elle balbutia :

« Allez-vous-en… je vous en supplie… »

Il baisa le bas de sa robe, cueillit des feuilles et des brins d’herbe que Gilberte avait touchés, et s’en alla.


VII

LE RENDEZ-VOUS


« Gilberte,

« Il ne faut plus que je vous voie. Quand vous lirez