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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

noncèrent l’arrivée d’une autre voiture. Un break fila très vite, emportant Simare et deux officiers, et disparut par le même chemin.

Une seconde, Gilberte palpita sous le choc d’une pensée horrible. Elle ne voulait pas, non, elle ne voulait pas que cela fût. Puis, soudain, elle se mit à courir à perte d’haleine, Un carrefour l’arrêta aussitôt. Laquelle des trois routes choisir ?

Elle prit celle de droite, mais au bout de cent pas rejoignit celle du milieu, puis celle de gauche. Alors elle erra au hasard, battant les taillis, épiant sur l’herbe des avenues des traces de roues, se jetant dans les fougères, écoutant et regardant de tous ses nerfs exaspérés… Un coup de feu… un autre presque en même temps… tout près…

Elle poussa un cri et tomba.

Quelques minutes s’écoulèrent. Comme dans un rêve, elle aperçut à travers les branches les deux voitures qui repassaient. Puis des voix résonnèrent…

« Je vous assure, docteur, que je ne me trompe pas, c’était un cri de femme. »

Sans qu’elle pût soulever ses paupières ni parler, elle devina l’approche de deux hommes. L’un d’eux se pencha vers elle et lui prit la main.

« Ce n’est rien… un simple évanouissement.

— En ce cas, docteur, dit l’autre voix, ne vous attardez pas, je reconduirai madame. »

La brume où elle se débattait peu à peu se dissipa. Des odeurs lui parvinrent. Elle tenta un effort pour échapper au sommeil qui l’engourdissait et elle ouvrit les yeux. Guillaume était là.