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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

dessert, tout le monde serait obligé d’y aller de son petit couplet. »

Violemment, d’un coup de caillou, Guillaume cassa le miroir de l’eau.

« Qu’est-ce que tu as donc ? » demanda Mme de la Vaudraye.

Nerveux, impatienté, il se dressa contre elle sur ses poignets raidis. Mais, au moment de parler, il rencontra les yeux de Gilberte, suppliants et tristes.

Il sembla tout étourdi, ses lèvres s’agitèrent, et soudain il entoura Mme de la Vaudraye de ses deux bras, et se mit à l’embrasser de toutes ses forces, de toute son âme ardente. Et il balbutiait :

« C’est juste… tu es ma mère… ma mère… tu as le droit de dire ce que tu veux… ce que tu dis est bien… c’est à moi de comprendre… Ah ! mère, si tu savais… »


VII

LES DEUX AMIS DE GILBERTE


Gilberte ne retourna plus au pavillon. Un sentiment de délicatesse l’en empêchait. Pourtant, chaque jour, à l’heure habituelle, passait sur son esprit comme un nuage léger, et, pour un peu, elle se fût accusée d’ingratitude.

Ce qui n’était qu’un vague remords envers un ami qu’elle n’avait pas connu, se précisait, dans un autre sens, à l’égard de celui qu’elle voyait presque quotidiennement. Elle aurait tant voulu lui offrir une ami-