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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

L’après-midi, elle se rendit chez Mme de la Vaudraye et la supplia de revenir sur sa décision.

« Ce n’est pas à moi qu’il faut vous adresser, s’écria Mme de la Vaudraye. Certes, en écrivant à ces messieurs, je n’ai fait que mon devoir, mais ce devoir, c’est mon fils qui m’en a montré l’impérieuse nécessité. »

Elle avait de l’humeur, et somme toute, à juste titre. Une maîtresse de maison ne renonce pas de gaieté de cœur à deux personnalités du mérite de Beaufrelant et de le Hourteulx. Elle appela :

« Guillaume, Mme Armand désire te parler. »

Et lorsque son fils fut entré, elle se retira.

Gilberte, que la froideur visible de Guillaume et son excès de réserve intimidaient toujours, présenta sa requête en rougissant. Fallait-il attacher tant d’importance à une aventure que ces messieurs regrettaient sûrement et dont elle ne pouvait que rire ?

« Ma mère et moi, nous n’avons pas le droit d’en rire, dit-il. Nous sommes responsables envers vous de tous ceux que nous vous présentons. Si l’un d’eux vous manque de respect, nous ne devons pas vous exposer à les rencontrer ici.

— Mais en quoi m’ont-ils manqué de respect ?… je vous assure. Je ne vois pas… »

L’ayant regardée, il détourna la tête et déclara d’une voix si brusque qu’elle ne discerna point si sa réponse était pleine de pitié méprisante ou d’admiration affectueuse :

« C’est aux autres, c’est à nous tous de voir pour vous. Est-ce que vous voyez ces choses-là, vous ? »