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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

anciens du salon, des amis qui datent du temps où on recevait encore au Logis… c’est impossible !

— Rien de plus vrai cependant. Je le tiens de la chaisière qui est on ne peut mieux dans les trois maisons, et qui a vu les lettres de rupture écrites par Mme de la Vaudraye.

— Eh bien, vous direz tout ce que vous voudrez, c’est fort regrettable. M. le Hourteulx, une si belle voix ! et M. Beaufrelant, un si brillant causeur ! Et vous ne savez pas les motifs ?

— J’ai beau me creuser la tête, je ne vois pas. S’il me revient la moindre chose, je vous tiendrai au courant. »

Ce fut une vive contrariété pour Gilberte quand Adèle lui annonça l’événement. Elle ne douta point que Guillaume de la Vaudraye n’eût raconté à sa mère ce qu’il savait de l’aventure, et elle fut désolée d’être la cause de fâcheries, de complications et de potins.

« Peut-être, pensait-elle, tout cela ne se serait-il pas produit si l’on ne m’avait pas considérée comme mariée. »

Et, de fait, sa situation de femme paraissait plutôt lui attirer des ennuis qui sans doute lui eussent été épargnés en tant que jeune fille. Au lieu du calme qu’elle avait cherché, elle trouvait dans la manière d’être des hommes, dans leurs conversations, dans leurs regards, dans l’acharnement de leurs poursuites, une foule de petites déconvenues et d’agitations qui auraient pu troubler une âme moins pure que la sienne.