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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

« Eh ! non, après tout, je ne me laisserai pas intimider. Je veux parler, et je parlerai… Si vos yeux m’en empêchent, eh bien, je ne les verrai pas, vos yeux. »

Il alla vers la lampe et, d’un coup sec, l’éteignit.

Gilberte poussa un cri. Elle voulut fuir, se heurta contre un meuble et tomba. Elle voulut appeler, sa voix expira dans sa gorge.

Alors, impuissante, elle ne bougea plus.

Il saisit sa main, et la porta vers ses lèvres.

Elle tenta un faible mouvement pour se dégager, mais la force lui manquait.

Elle dit simplement :

« Je vous en prie, monsieur… je ne vous ai jamais rien fait… j’ai toujours été bonne pour vous… je vous en prie… »

La main desserra son étreinte. Ils demeurèrent l’un en face de l’autre. Qu’allait-il lui dire ? Éperdue, son cœur battant à lui rompre la poitrine, elle essayait de voir, à travers l’ombre, à travers l’impénétrable et le grand silence qui les enveloppait tous deux, le visage de Simare, ses pensées tumultueuses, sa volonté… Quelques secondes passèrent.

Il lui dit :

« Je vous demande pardon… je suis un misérable… j’ai voulu vous forcer à prendre mon nom, à partager ma vie… c’est lâche et vil… pourtant il n’y avait pas en moi que de mauvais calculs. Croyez-le… Ah ! j’entends votre cœur qui bat… ne tremblez pas… Jamais vous ne serez en danger auprès de personne… ce n’est pas seulement vos yeux qui vous protègent, c’est le son de votre voix, c’est votre silence, c’est l’air que