Page:Leblanc - La Robe d’écailles roses, 1935.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

petite fille bien sage, qui adore sa mère, qui ne songe qu’à lui faire plaisir, et qui est bien heureuse… »


V

LES PRÉTENDANTS


Gilberte retourna aux soirées de Mme de la Vaudraye, non qu’elle s’y plût beaucoup, mais pour n’avoir point l’air de s’y être déplu.

Et sa présence ravissait tous les habitués du salon, aussi bien les dames les plus revêches, que les hommes les plus indifférents.

Étrange influence que celle de cette enfant, et qu’elle ne tenait ni de son expérience, puisqu’elle n’avait pas vécu, ni de son adresse, puisqu’elle n’avait aucun but, mais d’un charme inexplicable qui agissait sur tous ceux qui l’approchaient, et qui en même temps la défendait contre eux. Sa pureté attirait plus que de la coquetterie ou que des séductions d’esprit, et la protégeait mieux que n’eussent fait la clairvoyance et l’habileté.

Le bonhomme Simare en était fou. Mme Bottentuit lui révéla tous les secrets de son intérieur. Mme Charmeron lui confia qu’elle était désolée de n’avoir que des filles, mais qu’elle ne désespérait pas encore. Mlle du Bocage cacha sa tête contre son épaule et lui dit en pleurant ses déceptions et ses regrets de vieille fille.

« Vous êtes la grâce de mon salon, Gilberte », disait Mme de la Vaudraye.