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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

fraiche des arbres, et, chose étrange, il n’était plus question de Fanchon ni de Colin.

« M. Simare est un peu diffus, ce soir, murmura-t-on, il n’aborde pas nettement son sujet, comme d’habitude. »

Et de fait, il tournait autour, les yeux fixés sur Gilberte qui l’écoutait avidement et qui répétait de temps à autre :

« Et puis ? et alors ? »

Et alors, il s’empêtrait de plus en plus dans la promenade poétique de monsieur le curé, qui avançait toujours et paraissait ne devoir jamais arriver auprès de Fanchon et de Colin. Et ce fut Gilberte à la fin qui s’écria :

« Mais Fanchon et Colin, que deviennent-ils ? »

Et le bonhomme eut un geste décidé.

« Je ne peux pas, je ne peux pas-vous le dire… non, je ne vous dirai rien… »

On se leva. On protesta.

M. Simare se mit à rire.

« Ma foi, non, je ne dirai rien.

— Mais, pourquoi ? lui demanda-t-on.

— Pourquoi ? Est-ce que je sais ! Ce sont ses yeux… Il y a des mots qu’on ne peut pas prononcer en la regardant. des choses impossibles à raconter. »

Il ne riait plus. On se taisait autour de lui. Et il dit encore :

« Voyez-les, ces yeux. Ils vous regardent si doucement, si naïvement !… Pendant tout le temps que je lui débitais mes sottises, j’aurais voulu inventer pour elle des histoires de bon Dieu, de Sainte-Vierge, de