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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

dauds qui ne veulent rien perdre d’un spectacle inusité. Elle sortit. Ils l’accompagnèrent avec un fracas de sabots. Gilberte était au supplice.

Soudain, il y eut des cris, des rires. Elle se retourna. Un jeune homme, un de ceux qui lui avaient offert de l’eau bénite — elle le reconnut — s’était élancé au milieu de l’escorte, et la canne en l’air, la dispersait. Elle remercia d’un signe de tête léger, et poursuivit son chemin.

Une heure après, elle finissait de déjeuner, quand Adèle lui apporta une gerbe énorme de fleurs, des roses, du lilas blanc, des camélias. Un paysan l’avait remis à la bonne sans plus d’explications.

« Mais, je sais bien de qui, moi, dit Adèle, ça ne peut être que de M. Beaufrelant. Il a les plus jolies serres du pays, c’est sa passion, les fleurs. Pour sûr, madame a dû le voir à l’église, un grand maigre, qui a des favoris. »

Bouquetot, le mari d’Adèle, entra.

« Une lettre pour madame, qu’une vieille femme vient d’apporter. »

Gilberte déchira l’enveloppe. Elle contenait un billet de mille francs, et ces mots calligraphiés sur une feuille de papier rose :

« À Mme Armand, pour ses pauvres. »

Adèle s’écria :

« De l’argent, c’est ce richard de M. le Hourteulx. Voyons l’écriture… Oui, c’est bien ça, j’ai servi chez lui. Ah ! mon gaillard, si tu t’imagines qu’il suffit d’avoir des mille et des cents pour… Assez… je me comprends. »