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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

« Vous voyez, madame, je fais de la musique, je lis, je lis beaucoup.

— Des romans sans doute, ricana la dame en se penchant vers les livres. Vous permettez ?.… mais que vois-je ? un atlas… cours d’histoire… de littérature… morceaux choisis… mémoires… Vous vous êtes donc chargée d’une éducation ?

— De la mienne, dit Gilberte en riant, elle a été un peu négligée, et puisque j’en ai le loisir…

— Mais beaucoup de ces volumes sont en anglais… en allemand même…

— Je sais l’anglais et l’allemand.

— Une savante alors ! Mon Dieu, comme vous vous entendriez avec mon fils ! Un garçon si studieux et si bien doué ! Actuellement, il écrit dans des feuilles parisiennes.. Oh ! pas sous son nom… Il ne consentirait pas à ce que le nom des la Vaudraye fût compromis dans une besogne qui n’est, après tout, qu’un passe-temps. Il est tout à fait de mon avis sur cette question-là… sur toutes d’ailleurs. Venez donc un soir, nous avons quelques amis qui ont bien voulu choisir mon salon comme lieu de réunion quotidien. Tout le monde brûle de vous voir. Guillaume surtout. »

Ce n’était point la façon dont le jeune Guillaume de la Vaudraye était dépeint par sa mère qui aurait inciter Gilberte à sortir de son isolement. Elle s’excusa.

« Vous avez tort, chère enfant, s’écria Mme de la Vaudraye, que ce refus piquait, il est nécessaire d’avoir de bons amis, ils vous défendent contre les méchantes langues.