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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

La confusion de la vieille bonne était touchante. Gilbertie la releva gentiment et lui dit :

« Allons, qu’il n’en soit plus question, mais quelles sont les raisons pour lesquelles Mme de la Vaudraye s’occupe de moi et de ce qui se passe ici ?

— Est-ce qu’on sait ? Il faut qu’elle mette son nez partout, celle-là, et qu’elle dirige tout à Domfront, et que tout le monde lui obéisse. Et puis, vous ne savez pas, ce qu’on jase sur vous, ici ! Ah ! les potins, Ça ne manque pas.

— Sur moi ?

— Oui, on voudrait connaître d’où vous venez, ce que M. Armand faisait, un tas de choses, quoi ! Alors Mme de la Vaudraye pérore dans son salon. Pensez donc ! Vous êtes sa locataire, il n’y a qu’elle qui vous a causé… Et puis, une chose encore que j’ai devinée…

— Quoi, Adèle ?

__ Eh bien, vous êtes riche, vous êtes veuve, pour sûr, elle vous a guignée comme bru… Ça, je le parierais… Ah ! elle ne perd pas la tête. Une belle dame comme vous pour son gueux de fils, un sans-le-sou, un propre à rien qui ne sait pas quoi faire de ses dix doigts… »

Gilberte l’écoutait, confondue. Il n’est donc pas possible de rester cachée, inconnue ? Il y a donc des gens qui surveillent les autres, qui tâchent de pénétrer le mystère de leur vie et qui forment contre eux de véritables complots ?

Mais Adèle lui dit d’une grosse voix affectueuse :

« Vous tourmentez pas, ma bonne demoiselle, je suis là, moi, et je vous défendrai et je défendrai votre