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LE ROMAN D’UNE JEUNE FILLE

de Domfront. Mais les pauvres, les misérables, les abandonnés, les disgraciés, n’est-ce point là les amis naturels de ceux qu’a frappés le destin, et son cœur pouvait-il se défendre de ces amitiés d’infortune ?

Entre Gilberte et le premier mendiant qui franchit le seuil du Logis, il y eut autre chose qu’une aumône et qu’un remerciement. Il y eut de la joie de donner d’une part, et, de l’autre, de la reconnaissance pour le sourire et la bonne grâce de celle qui donnait. Et comment en eût-il été autrement ?

Si même Gilberte n’avait pas eu ces jolis cheveux blonds qui voltigeaient autour de son visage comme de petites flammes légères, ni ces lèvres tendres, ni ces Joues roses qui donnaient à son visage la fraicheur d’une fleur, elle eût été encore adorablement belle par ses yeux bleus, toujours un peu humides, comme si des larmes s’y jouaient, et toujours souriants même aux heures de tristesse les plus lourdes. Il se dégageait de son regard, et de toute sa figure d’ailleurs, et de toute sa personne élégante et harmonieuse, une impression de pureté si touchante que les plus indifférents s’en trouvaient enveloppés comme d’une brise qui vous caresse et qui vous attendrit.

Son charme était fait de bonté, de simplicité, d’innocence surtout, de cette innocence qui s’ignore elle-même, qui ne sait rien de la vie, qui ne soupçonne jamais le mal, et qui ne voit ni les pièges qu’on lui dresse, ni les hypocrisies dont on l’entoure, ni l’envie qu’elle inspire.

« La Bonne Demoiselle » tel fut le nom sous lequel les pauvres gens la désignèrent, rectifiant ainsi, par