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LA PITIÉ

Jacques.

Non.

Germaine.

Et ta parole ?

Jacques.

Je l’ai donnée contre ma volonté.

Germaine.

Alors, c’est sérieux ? tu as fait cette pièce pour qu’elle soit jouée ?

Jacques, avec violence.

Oui, oui, oui, pour qu’elle soit jouée, et elle le sera, et d’autres aussi, beaucoup d’autres qui sont là, dans mon cerveau, et que j’écrirai parce qu’il faut que je les écrive. Je veux que ma pensée soit dite et représentée. J’ai besoin de la voir et de l’entendre. J’ai besoin que des gens l’entendent.

Germaine.

Marie-Anne.

Jacques.

N’importe qui, pourvu qu’on m’écoute et qu’on s’émeuve. Toute ma vie tend vers ce but unique. Tu n’as pas le droit, tu n’as pas le droit de t’y opposer. (Un silence). Rends-moi ce manuscrit. (Germaine se tait, le visage dur, les doigts nerveux). J’exige que tu me le rendes.