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voit plus. Finies les belles aventures qui faisaient de toi un héros d’amour. Changement de caractère, changement d’humeur et de goûts. Tu n’as certes pas décroché de leurs cadres les jolies femmes nues qui ornent ce cabinet de travail. Mais elles peuvent lire, sur les murs, à la manière de Montaigne, des maximes et des sentences morales. Que s’est-il passé ?

— J’ai réfléchi, dit Paul Vérange.

— Peut-être, Mais pourquoi as-tu réfléchi ?

— Ce que tu es curieux, Gassereaux !

— Ce n’est pas de la curiosité, c’est de l’affection. Un vieil ami comme moi ne s’y trompe pas : tu n’es pas heureux. En ces cas-là, on aime se confier.

Vérange allait répondre, lorsque la sonnerie du téléphone retentit. Il se leva de son fauteuil et prit l’appareil.

— Allo, fit-il… Ah ! c’est vous, Stéphane… Très bien, merci… Oui, votre mère doit venir à quatre heures. Mais vous aussi, n’est-ce pas ?… Comment, non ? Mais elle va être désolée… Qu’y a-t-il donc ? Rien de grave ? Non ?… Ah ! parfait… Eh bien ! c’est entendu, demain, à la même heure. Je la préviendrai… Au revoir… Stéphane…