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LA MACHINE À COURAGE

une part de trente pour cent sur toutes mes affaires. La première devait être la publication de mes souvenirs. Véral escomptait qu’elle m’apporterait aux États-Unis une énorme réclame qui servirait de base à tous mes autres engagements, C’était logique et raisonnable.

Dans mon contrat, je stipulai que la personnalité de Maeterlinck ne serait mise en cause qu’avec mon assentiment et dans les termes que j’aurais moi-même rédigés. Je ne pris aucune autre précaution. Véral retourna à New-York et, trois semaines après, il me câbla que le « Sunday American » de William Randolph Hearst offrait quatre mille dollars pour mes mémoires. La somme proposée était modique, disait-il, au regard de celle qu’il avait espérée. Pour moi, la somme était énorme ; et… partir était le commencement d’une seconde vie.

J’acceptai sans prendre le moindre renseignement sur ce William Randolph Hearst, non plus que sur Véral D. qui était un de ses agents.

Je m’embarquai sur l’« Olympic » le 27 octobre 1920. J’avais pris ce paquebot lorsque j’étais allée à Boston pour créer à l’Opéra « Pelléas et Mélisande » de Debussy et jouer « Monna Vanna ». J’avais alors un contrat qui m’assurait mille dollars par soirée.

Maintenant, j’étais depuis quelques jours à New-York où l’on me demandait simplement de me promener et d’attendre.

Après les événements que je venais de traverser, cela me plaisait. Peut-être… un peu trop.


« Ils nous diront tout ce qu’il faut faire, ils sont si bons », achevait Monique, lorsque se présenta le sourire standardisé de Véral. Il s’agissait d’aller visiter l’appartement trouvé, le soir même.

Véral était parfaitement sympathique, qualité indispensable à qui veut rouler son prochain… (faites-le avec des roses). Haute taille, regard puéril, sourire confiant et paternel.

L’appartement était situé loin du centre, à la 72ème rue, au septième étage. Il était tard. Une grosse dame nous reçut en peignoir japonais. Ses gestes exhalaient un parfum géant