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Les hommes de Gorgeret l’observaient avec stupéfaction. Constatant son erreur, il leur dit, satisfait de lui-même et fier de ses procédés :

— C’est justement quand on ne néglige aucune précaution qu’il ne se produit rien.

Et, débarrassé d’un rude souci, il s’occupa du moribond, et à son tour l’examina :

— Le cœur bat encore… mais il n’en vaut guère mieux… Un médecin, tout de suite… Il y en a un dans la maison voisine.

Par téléphone il annonça au quai des Orfèvres l’assassinat et l’agonie du grand Paul, et demanda des instructions, en ajoutant que le blessé ne lui semblait pas transportable. En tout cas, une voiture d’ambulance était nécessaire. Il fit également prévenir le commissaire de police et commença d’interroger la concierge. C’est alors que les réponses de cette femme et les signalements donnés par elle lui imposèrent la conviction que Clara la Blonde et son amant Raoul étaient les auteurs de l’assassinat.

Cela le jeta dans une agitation extraordinaire. Lorsque le médecin se présenta, il lança des phrases pêle-mêle.

— Trop tard… Il est mort… Tout de même, essayez… Le grand Paul vivant, ce serait pour la justice, pour moi… d’une importance capitale… Pour vous aussi, docteur.

Mais un événement se produisit qui porta au comble son désarroi. Son principal agent, Flamant, accourut, haletant :

— Clara ! Je la tiens…

— Hein ? Qu’est-ce que tu dis ?

— Clara la Blonde ! Je l’ai cueillie.

— Nom de D… !

— Je l’ai cueillie sur le quai, rôdant.

— Où est-elle ?

— Enfermée dans la loge de la concierge…

Gorgeret dégringola l’escalier, empoigna la jeune femme, remonta quatre à quatre, la traînant et la