Page:Leblanc - La Demeure mystérieuse, paru dans Le Journal, 1928.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’attitude de M. de Mélamare s’était soudain transformée. Vivement, avec une agitation extrême, il s’écria :

— Ces objets ! Est-ce possible ! exactement ceux que je réclame ! Mais où m’adresser, monsieur ? Comment les avoir ?

— En me les demandant, tout simplement.

— Hein !… Vous les avez achetés ! Quel prix ? Je vous rembourserai le double, le triple ! Mais je tiens…

D’Enneris l’apaisa.

— Laissez-moi vous les offrir, mon cher cousin. J’ai eu le tout pour treize francs cinquante !

— Ils sont chez vous ?

— Ils sont ici même, dans ma poche. Je viens de passer les prendre chez moi.

Le comte Adrien tendit la main, sans vergogne.

— Une seconde, dit Jean d’Enneris, gaiement. Je désire une petite récompense… oh ! bien minime. Mais je suis curieux, excessivement curieux de nature… et je voudrais voir l’emplacement qu’occupaient ces objets… et aussi pourquoi vous y tenez tant.

Le comte hésita. La demande était indiscrète et prouvait quelque méfiance, mais combien cette hésitation, de sa part, était significative ! À la fin cependant, il répliqua :

— C’est facile, monsieur. Veuillez me suivre au premier étage, dans le salon.

D’Enneris jeta un coup d’œil aux deux jeunes femmes pour leur dire :

— Vous voyez… on arrive toujours à ce qu’on veut.

Mais, les ayant observées, il remarqua le bouleversement de leurs traits. Le salon, pour elles, c’était le lieu même de l’épreuve qu’elles avaient subie. Y retourner, c’était acquérir la redoutable certitude. Van Houben également avait compris : une nouvelle étape allait être franchie. Le brigadier Béchoux, de son côté, s’animait. Il emboîta le pas au comte.

— Excusez-moi, dit celui-ci, je vous montre le chemin.

Ils sortirent et traversèrent le vestibule dallé. L’écho sonore des pas remplit la cage de l’escalier. En montant, Régine comptait les marches. Il y en avait vingt-cinq… Vingt-cinq ! Exactement le même nombre. Elle eut encore une défaillance, plus sérieuse, et chancela.

Tout le monde s’empressa autour d’elle. Que se passait-il ? Elle était souffrante ?

— Non, chuchota Régine, sans ouvrir les yeux, non… un simple étourdissement… Pardonnez-moi.

— Il faut vous asseoir, madame, dit le comte en poussant la porte du salon.

Van Houben et d’Enneris l’installèrent sur un canapé. Mais quand Arlette entra et qu’elle vit la pièce, elle poussa un cri, tournoya et tomba évanouie sur un fauteuil.

Alors ce fut un affolement, un tumulte quelque peu comique. On tournait à droite et à gauche, au hasard. Le comte appelait :