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— Pas un instant encore, continua Raoul, je n’ai senti en vous un de ces éclairs de franchise ou de révolte qui illuminent le fond d’une nature. Vos actes les plus graves, les plus violents, vous les cachez dans l’ombre. Tenez, votre suicide, par exemple. Vous revenez ici pour me dire adieu, n’est-ce pas ? et pour vous expliquer avec moi, Et je vous retrouve presque à l’agonie, le revolver en main. Pourquoi ?

Félicien ne répondit pas, ce qui exaspéra d’Averny.

— Le silence… le silence toujours… ou alors des biais, des échappatoires comme avec le juge d’instruction. Mais répondez, sacrebleu ! Ce qui nous sépare, ce n’est pas autre chose que ce mur de silence et de réserve que vous élevez entre nous. Fichez-moi donc tout cela par terre, si vous voulez que j’aie confiance ! Sinon, quoi ? Je cherche, je me défie, je suppose, j’imagine, quitte à me tromper et à vous accuser à tort. Est-ce cela que vous voulez ?

Il le saisit par le bras.

— À votre âge, c’est par amour qu’on se tue. J’ai fait une enquête sur l’emploi de votre temps, le jour de votre tentative. De loin, vous avez suivi Rolande Gaverel et Jérôme Helmas qui sortaient et se dirigeaient vers le lac. Ils se sont assis sur un banc de l’île. Et vous avez vu… ce que j’ai vu, qu’il y avait entre eux une intimité que rien ne laissait prévoir. Vous avez interrogé mon jardinier sans en avoir l’air et