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bonne idée. Oh ! ne craignez rien. Il ne m’échappera pas. Il est couché par terre, ligoté… Merci, monsieur le juge d’instruction.

Raoul raccrocha.

Thomas Le Bouc avait écouté avec une stupeur croissante. Il était livide, méconnaissable, et il bégaya :

— Mais tu es fou ! Qu’est-ce que ça veut dire ? Me livrer… moi ! Mais c’est te livrer en même temps, et livrer Félicien.

Raoul ne paraissait pas entendre. Il avait agi et il continuait d’agir comme si Thomas Le Bouc n’était pas là, et comme s’il obéissait à un plan de conduite à propos duquel Thomas Le Bouc n’avait aucun rapport. Tout cela concernait Raoul d’Averny et non pas Thomas Le Bouc.

Celui-ci, hors de lui, exhiba son revolver, l’arma et visa.

— Les fous, il n’y a qu’à les abattre, dit-il.

Mais il ne tira pas. Ce n’était point en abattant d’Averny qu’il atteindrait son but et palperait de l’argent. Et, d’ailleurs, était-il admissible que Raoul d’Averny se jetât lui-même au feu pour avoir le plaisir d’y jeter en même temps Le Bouc ? Non. Il y avait bluff, ou malentendu, ou erreur. Et, en tout état de cause, on disposait d’une bonne demi-heure pour s’expliquer.

Il alluma un second cigare, et plaisanta :

— Bien joué, Lupin. Décidément, tu n’es pas au-dessous de ta réputation et de ce que m’a raconté Barthélemy. Cré bon sang, la jolie riposte ! Mais ça ne prend pas avec moi.