Page:Leblanc - La Cagliostro se venge, paru dans Le Journal, 1934.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Près de Le Bouc, la tête sur la poitrine, le Gentleman sommeillait. La nuit, chaude et lourde, s’épaississait sous un voile de gros nuages. Des lueurs de péniches immobiles dansaient à la surface du fleuve. On apercevait de l’autre côté la ligne des maisons noires, la masse du Trocadéro et les arches des ponts. Aucun passant sur le quai.

Doucement, Thomas Le Bouc glissa la main entre le veston et le gilet du Gentleman et tâta les poches. Ce n’est que dans la poche intérieure du gilet, laquelle était fermée d’une épingle anglaise (que de mal pour l’ouvrir !) qu’il sentit sous ses doigts le papier plus résistant des billets de banque.

Il les attira. Par malheur, il s’écorcha profondément à la pointe de l’épingle, ce qui provoqua en lui un léger mouvement de réaction.

Aussitôt réveillé, le Gentleman, sans avoir conscience peut-être de ce qui lui arrivait, se replia sur lui-même. Le Bouc ne se gêna plus et ramassa tout son effort, tandis que l’adversaire se cramponnait de ses deux mains à la main qui voulait se dégager.

La résistance fut beaucoup plus vigoureuse que ne pouvait le prévoir Thomas. Les ongles s’enfonçaient dans la chair jusqu’à la déchirer. Et la victime commençait à crier au secours.

Le Bouc eut peur. Il secoua l’ennemi de toute son énergie et le traîna sur le sol. Soudain, l’autre, épuisé, lâcha prise. Mais la rage de