à quoi cela lui servira-t-il s’il n’y a plus rien dedans ?
— Certes, dit M. Rousselain, le premier soin du voleur sera de découdre le sac et de s’emparer du contenu. Aussi, il y aurait bien peu de chances de retrouver les billets.
Félicien se taisait. Durant tout le repas, il avait écouté avec attention Raoul d’Averny, mais sans se mêler un instant à la conversation.
Vers trois heures, M. Rousselain ramena ses deux compagnons dans le jardin des Clématites où ils retrouvèrent l’inspecteur principal.
— Eh bien, monsieur l’inspecteur, du nouveau ?
Goussot prit son air le plus détaché.
— Peuh ! pas grand-chose. J’ai été prendre des nouvelles de M. Jérôme Helmas à la clinique, et j’ai parlé avec les médecins. Quoique sa vie ne soit pas en danger, on ne m’a pas permis de l’interroger à fond. Tout au plus a-t-il pu me dire que l’individu qui l’a suivi et attaqué, lui a semblé sortir de l’impasse qui conduit à l’étang.
— Et le couteau du crime ?
— Impossible de le retrouver.
— L’autre blessé ?
— Son état reste toujours grave et l’on n’ose pas encore se prononcer.
— Aucun renseignement sur lui ?
— Aucun.
L’inspecteur principal fit une pause, puis laissa tomber distraitement :
— Cependant… j’ai fini par établir, à son propos, un fait assez curieux.
— Ah ! lequel ?
— Eh bien, cet individu, qui devait être attaqué la nuit, était entré dans ce jardin, hier.
— Que dites-vous ? Dans ce jardin ?
— Ici même.
— Mais comment ?
— Eh bien, il a pénétré d’abord dans la villa en profitant de ce que M. Félicien Charles y pénétrait lui-même, lorsque celui-ci, après le meurtre de Mlle Élisabeth, a voulu voir sa sœur Rolande.
— Et ensuite ?
— Ensuite il s’est mêlé aux gens attirés par la détonation et qui s’introduisaient par tous les moyens possibles avant que l’ordre ne fût rétabli.
— Vous êtes sûr ?
— Les témoignages des personnes que j’ai interrogées à la clinique sont affirmatifs.
— C’est sans doute, dit le juge d’instruction à Félicien, un hasard s’il a pénétré en même temps que vous ?
— Je n’ai rien remarqué, dit Félicien.
— Vous n’avez rien remarqué ? reprit Goussot.
— Rien.
— Bizarre. On vous a vu cependant parler avec lui.
— Ça se peut, fit le jeune homme sans aucun embarras, j’ai parlé avec ceux qui étaient là, gendarmes, curieux.
— Et vous n’avez pas noté un grand garçon, un genre de rapin, avec une cravate lavallière à pois blancs ?
— Non… ou peut-être oui… je ne sais pas… j’étais si affolé.
Il y eut une pause. Puis l’inspecteur Goussot poursuivit :
— Vous habitez bien un petit pavillon dépendant de la propriété de M. d’Averny, ici présent ?
— Oui.
— Vous connaissez le jardinier ?
— Certes.