l’attendait, endormi au creux d’un fauteuil, lui tendit la main.
— Je vous demande pardon, Félicien.
— De quoi, monsieur ? répondit Félicien.
— De vous avoir attaqué et ligoté tout à l’heure. Je voulais vous empêcher de faire quelque bêtise.
— Quelle bêtise, monsieur ?
— Mais… à cause de cette nuit de noces…
Félicien se mit à rire.
— Je me doutais bien que c’était vous, monsieur, en tout cas, nous sommes quittes et, moi aussi je vous demande pardon.
— De quoi ?
— De m’être détaché…
— Seul ?
— Non.
— Qui vous a secouru ?
— Faustine.
— Je m’en doutais, dit Raoul entre ses dents. Ainsi Faustine rôdait par là, cette nuit… Pourvu qu’elle ne se fasse pas prendre !…
Il conclut :
— Enfin, on verra… Félicien, je vous serais obligé de téléphoner à la première heure à Rolande Gaverel et de la rassurer au cas où elle chercherait le papier signé par Jérôme. Le juge d’instruction venant me voir ce matin, à neuf heures et demie, j’ai trouvé utile, pour vous éviter, à Rolande et à vous, tout ennui nouveau, de prendre ce papier dans l’écrin.
— Comment ! s’écria Félicien interloqué. Mais il n’est pas possible que vous ayez pu…
— Donc, qu’elle soit sans crainte, dit Raoul en se retirant, et veuillez la prévenir que j’irai la voir tantôt. On vous y trouvera, n’est-ce pas, Félicien ?
VIII
Phryné
M. Rousselain fut exact au rendez-vous. Dès neuf heures et demie du matin, comme Raoul finissait son petit déjeuner, il se présenta, non pas en juge d’instruction, mais en pêcheur à la ligne, qui s’en venait, comme il le dit, taquiner l’ablette, du côté de Croissy, — une vieille cloche de paille sur la tête, un treillis jaune comme pantalon, ses espadrilles aux pieds…
— Mes compliments, monsieur le juge d’instruction ! s’écria Raoul… La journée sera superbe, et c’est une occasion d’oublier un peu notre insupportable affaire.
— Vous croyez ça, vous ?…
— Dame ! je le suppose.
— Cependant, vous m’avez convoqué pour le dénouement, lequel devait avoir lieu cette nuit.
— Il a eu lieu.
— Mais je ne vois pas certaine marchandise, à laquelle je tenais si fort que je vous ai laissé toute latitude de manœuvre.
— Demain. Ça ne vous suffit pas ?
— Trop tard, demain.
Raoul l’observa.
— Il y a du nouveau, monsieur le juge ?
M. Rousselain se mit à rire.
— Oui, monsieur d’Averny, il y a du nouveau, et, contrairement à nos conventions, c’est moi qui vous en fais part.
Et M. Rousselain ponctua :
— Il y a une heure et demie, le commissaire de police de Chatou téléphonait à la Préfecture que la femme de ménage de Jérôme Helmas venait de le trouver mort dans le vestibule de sa maison du