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Le jeudi et le vendredi, Raoul et Félicien ne franchirent pas l’enceinte que formait le mur, surmonté d’une grille, du Clair-Logis. On eût dit que tout ce qui se passai au dehors n’avait aucun intérêt pour eux, et que la vie des autres pouvait se poursuivre sans qu’ils fussent contraints d’y participer, ni même d’en avoir connaissance.

Ils se virent souvent, mais uniquement pour les besoins de l’installation et de la décoration. Pas une allusion aux incidents de la veille ni du lendemain. Perquisition, charges nouvelles, étreinte si menaçante de la police, liberté soudaine des mouvements, mariage de Rolande et de Jérôme… tout cela ne comptait plus.

Et réellement, Raoul n’y songeait guère. Les faits, dans leur brutalité ou dans leur mystère, avaient perdu pour lui toute signification. Dans son esprit, le problème se posait uniquement au point de vue psychologique, et s’il tentait de le résoudre entièrement, c’est que le caractère des trois acteurs du drame lui demeurait en partie inconnu.

Depuis deux mois, il avait assisté à presque toute la vie de Félicien, et il lui était impossible de deviner ses actes cachés puisqu’il ignorait ses pensées et ses instincts profonds. Et que savait-il de l’âme réelle de Rolande et de Jérôme, tous deux personnages lointains, qui se perdaient dans la brume comme des fantômes ?

Raoul avait parlé à M. Rousselain avec cette certitude qu’il affec-