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maurice leblanc

une galerie spacieuse et, à l’endroit présumé, revit la statue.

Tout s’arrangeait donc pour le mieux, et Stéphane remercia chaleureusement le dieu ou la déesse qui, refusant de le laisser périr au creux de la terre, l’accompagnait vers l’issue libératrice. S’il y avait des portes, elles s’ouvriraient devant lui ; des obstacles, ils s’aboliraient d’eux-mêmes.

Il y eut une porte. Au contact, car il ne voyait guère que pour se conduire, il la sentit bardée de fer et cloutée.

Ayant saisi la clanche, il tourna. La porte n’était pas fermée.

— Parbleu ! se dit-il. On vient là chaque jour, et peut-on redouter une invasion par la grotte d’Andromède ? Dans ces conditions, on ne perd pas son temps à verrouiller et barricader.

Il se trouvait dans une cave, éclairée par un soupirail, pavée, et contenant des ustensiles, caisses, barils mis au rancart. Évidemment, cette cave annonçait une maison et de quelle maison pouvait partir cette issue dérobée, sinon du pavillon de Zoris ?

Un escalier abrupt se dressait vers la gauche. Il le monta. Une première porte. Un cabinet avec des placards et un grand meuble dont un tiroir exhibait du linge d’homme.

Une seconde porte. Stéphane écouta. Il ne devait y avoir personne dans la pièce contiguë, et personne dans la maison. Ou, du moins, aucun bruit ne décelait une présence.

Doucement, il tourna la poignée, et, avec précaution, poussa le battant.

Aussitôt, une sonnerie retentit, stridente, ininterrompue.

Il hésita deux ou trois secondes. Le fait seul d’avoir entre-bâillé ce battant avait provoqué la sonnerie. Il lui suffisait donc de refermer, et de s’enfuir par l’issue dérobée. Oui, mais en ce cas, c’était s’emprisonner soi-même.

Hardiment il entra, repoussa le battant, ce qui coupa le contact et interrompit la sonnerie, et il passa de l’alcôve où il avait pénétré, dans la chambre dont elle faisait partie.

Il avait à ce moment la volonté ardente de s’enfuir, et l’espoir que Zoris ignorerait son expédition dans le souterrain et sa découverte de la statue. Les fenêtres de la chambre, ouvertes du côté de la mer, étaient au premier étage. Peut-être lui serait-il possible de… ?

Mais des pas résonnaient sur le parquet d’un couloir.

Il se résigna à une entrevue, qui, somme toute, n’était pas pour lui déplaire.

Quelqu’un entra, dont la main tenait un revolver.

C’était bien Zoris.