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l’image de la femme nue

communiquaient les moindres vibrations des alentours. Et, de fait, un bruit se répéta, sur un rythme égal. Quelqu’un marchait, au creux même de cette écorce.

Quelqu’un marchait, sans précaution, donc sans crainte d’être entendu. Et tout à coup, peut-être au sortir d’un tournant, cela se démasqua, devint perceptible comme le pas d’un promeneur qui avance sur les dalles sonores et toutes voisines.

Stéphane se plaque contre le mur. Sur sa tête, à trois mètres de distance tout au plus, au creux du renflement de la paroi qu’il apercevait, on s’était arrêté.

La pause avait lieu en face de la statue. Le but de la promenade était donc la statue.

Un long silence. On regardait. On regardait comme on devait regarder chaque jour. Sinon, pourquoi cette visite se serait-elle produite le jour même où Stéphane se trouvait là ?

Le cœur de Stéphane se serrait. Il escomptait maintenant un peu plus qu’une simple visite.

De fait, on bougea.

Un déclic, et un jet de clarté saisit le buste et le visage de la Vénus dans un disque étincelant de blancheur.

Puis, l’immobilité et le silence.

C’était la première fois que Stéphane pouvait voir avec des yeux d’homme la représentation totale de la Vénus. Il fut frappé surtout par une expression de visage, plus sensuelle, plus « bestiale », pourrait-on dire, que celle des photographies. Les dessins la donnaient parfois, cette expression, et, d’autres fois, l’artiste l’avait adoucie, en quelque sorte humanisée, comme dans son ébauche des derniers mois.

La lumière cessa brusquement. Quelques minutes après, un piétinement annonça le départ, et les pas s’éloignèrent par où ils étaient venus. Stéphane en perçut les étapes décroissantes, et tout s’effaça.

Il tira de l’incident, et de certains détails faciles à interpréter, cette conclusion, pour lui évidente, c’est qu’aucun obstacle n’entravait la marche, que le chemin qui reliait l’extérieur à la salle de la statue était aisé et n’avait pas le moindre rapport avec l’issue âpre, dangereuse et, sans doute, abandonnée, de la roche d’Andromède. Ce devait être une galerie, éclairée de place en place par des « jours » dont l’un donnait en plein sur la Vénus Impudique.

Et Stéphane estima que, en bonne logique, cette galerie, creusée à mi-hauteur de la salle, pouvait se continuer et aboutir au ras du sol, en quelque coin obscur.

Hypothèse justifiée. Il trouva l’amorce d’un escalier. Il s’engagea dans