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maurice leblanc

« Ils m’enlèvent. Ils n’ont pas su que nous avions causé… mais ils ont peur de mes révélations… Ma porte est gardée… J’ai vu la lumière du bateau qui m’attend au large… Il me faudra bien quelques semaines pour leur échapper. Le 15 septembre, je serai de retour. J’arriverai à temps pour vous prévenir contre ce qui est préparé. Rosario m’accompagnant et me surveillant, vous n’avez plus à le craindre. Mais le danger n’est pas là. Il faut surtout vous méfier maintenant de… Je n’ose pas vous écrire encore la terrible vérité… Je vous expliquerai d’abord de vive voix… Quelle angoisse, à la dernière minute ! »

Séphora n’a pas eu le temps d’achever. « On frappait, m’a dit la petite messagère. Elle m’a remis la lettre. »

— Qui frappait ?

— Rosario !

Deux heures après, j’ai vu Flavie, seule.

Je lui ai dit :

— Séphora est partie.

— Je sais. Elle m’a fait prévenir, ce matin.

— Vous ne savez pas pourquoi ?

— Non. Il lui arrive quelquefois d’aller en Grèce… ou en Asie-Mineure pour les affaires de Zoris.

— Comment y va-t-elle ?

— Zoris a un bateau à Marseille. Cette nuit, j’ai reconnu le son de la sirène. Alors Rosario et ses camarades l’ont conduite au large.

— Rosario est revenu ?

— Non.

— Flavie, puis-je vous poser une question et vous demander d’y répondre sans détour ?

— Oui.

— Séphora est la maîtresse de Zoris, n’est-ce pas ?

— Elle a été sa maîtresse.

— Pour quelles raisons êtes-vous fâchée avec Zoris ?

Elle rougit légèrement, et répliqua :

— Il n’y a pas de raison précise. L’homme m’est antipathique.

Et elle ajouta :

— En outre, il a fait du mal à mes sœurs… C’est au retour d’une longue absence que je m’en suis aperçue. Il était trop tard. Je n’ai pas pu lutter… C’est un remords pour moi… et une souffrance.

Elle n’en dit pas davantage.

Au revoir, mon cher docteur. Les événements se précipitent. Tant mieux.

Stéphane.