y avoir une autre femme, la première étant trop vieille… ou morte… Alors, quoi, vous avez intercepté des lettres, celles que mon père lui écrivait, à cette autre femme ?
— Ah ! cela, jeune homme, c’est le secret de ma visite, cela, et, puisque vous voulez le savoir…
Il hésitait. Stéphane s’acharna :
— Je veux le savoir !… Que lui avez-vous dit ? Pourquoi s’est-il tué ?… Il renaissait à la vie… Il reprenait son œuvre d’autrefois… Et vous l’avez acculé au suicide. Comment ? Par quelle machination ?
Séphora se leva précipitamment, plaqua sa main sur la bouche de
Zoris et s’écria, le tutoyant :
— Tais-toi, Zoris… Le père s’est tué… Ça ne te suffit donc pas ?
Il ricana :
— Crois-tu que le fils se tuera ? À son âge ? Non, non, il n’a pas été détraqué, lui, par Marie-Eudoxie… comme son père… comme moi.
— Je te défends de parler, Zoris…
— Tu me défends !
Debout, penchée sur lui, elle serrait les poignets du vieillard, et elle prononça fortement :
— Si tu dis un mot là-dessus, je te dénoncerai…
— À qui, mon Dieu !
— À la justice.
Il éclata de rire :
— Tu me dénonceras !… Si tu te figures que j’ai peur ! Un crime… Eh bien, oui, j’ai commis un crime… J’ai tué, de cette main, un de mes semblables. Et après ? Est-ce que, toi aussi, tu n’as pas tué, Séphora ?
— Moi ?
— Eh ! parbleu, ton histoire de Rosario faisant escale à Smyrne, et tes manœuvres pour entraîner les matelots à revenir… Autant de mensonges… Tu l’as tué, bien gentiment, Séphora.
Elle répondit simplement :
— Rosario m’a toujours obsédé de son désir. Une nuit, sur le bateau, il s’est jeté sur moi… J’ai pu résister… J’ai crié… Il s’est enfui, et a sauté dans la mer où il s’est noyé, avant qu’on pût le secourir.
— Pourquoi se serait-il enfui ?
— Je l’ai su après. Il m’avait volé tous les bijoux.
Zoris sursauta :
— Tous les bijoux ?
— Tous.