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l’image de la femme nue

— Cher monsieur, votre gitane est une fidèle messagère. Cependant j’ai pu avoir connaissance du billet par lequel Séphora vous conseillait, ce matin, de ne pas vous risquer chez moi. Comme je désirais vous parler, malgré la défense de Séphora, j’ai employé le seul moyen qui me restait.

— Et ce moyen ?

— La faire disparaître, J’étais sûr que vous voleriez à son secours.

Stéphane protesta.

— Je n’accepte aucune conversation en dehors d’elle.

— Nous sommes d’accord. Après mon déjeuner, Séphora est venue, comme chaque jour, me retrouver dans la pièce voisine. Je l’y ai enfermée. Je ne doute pas qu’elle ne vous attende. La clef est sur la porte.

Stéphane tourna cette clef. Séphora attendait, en effet, toute fiévreuse. Elle lui dit aussitôt :

— Il ne fallait pas venir… à aucun prix.

Et, s’adressant à Zoris, elle le conjura :

— J’insiste encore, Zoris. Vous allez commettre un acte abominable et inutile.

— Un acte nécessaire, répondit Zoris, puisqu’il empêchera le retour de quelque chose de beaucoup plus abominable… de quelque chose d’infâme…

Il se passa la main sur le front. Il semblait souffrir affreusement. Souffrance physique ou morale ? Les deux, sans doute. Il rejeta sa couverture et se mit à marcher, mais courbé en deux, et avec tant de peine qu’il se rassit, à bout de forces. Une grimace tordit son visage régulier, et il dit à Stéphane :

— Alors, jeune homme, vous avez été l’amant de Flavie ?… Oh ! ne vous indignez pas… Il faut parler franchement et ne pas reculer devant les mots… L’amant de Flavie ! L’amant de Flavie !…

Stéphane se dirigea vers la porte.

— Restez, dit Zoris, se dominant. Cela devait être… J’y veillais cependant… Mais vous avez dû vous brouiller un moment tous les deux, lorsque Jean de Milly est venu, et j’ai cru que c’était fini… avant d’avoir commencé… Et puis, j’étais malade… je ne me suis plus défié… Mais cela devait être… cela devait être… C’était dans l’ordre des choses, puisque…

Séphora l’interrompit :

— Je vous en supplie, Zoris.

— Silence, toi ! Rien ne me fera taire. C’est aujourd’hui le