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maurice leblanc

— Comme vous y allez ! dit-elle en riant.

— J’ai la haine du mensonge et de la calomnie, scanda-t-il.

— Ni mensonge, ni calomnie. C’est après cette équipée que Flavie s’est convertie brusquement.

— C’est après cela ? après cela ? répéta-t-il, tout tremblant de colère.

— En partie… car il y a eu autre chose…

— Quoi ? Vous irez jusqu’au bout de vos infamies… Je ne vous lâcherai pas avant.

Il la tenait de ses doigts crispés, et la regardait si durement qu’elle eut peur. Cependant, elle acheva :

— Une autre chose… Une scène effroyable, de quatre heures, entre elle et Zoris… dans le pavillon… Ils se sont battus… Zoris criait… Flavie est sortie de là, décomposée… sanglotant… Le lendemain, elle partait… Elle a vécu trois ans dans un couvent d’Espagne… Quand elle est revenue, c’était une autre femme… Non plus la créature libre, ardente, sans plus de pudeur que ses sœurs… mais la Flavie d’aujourd’hui, celle que vous connaissez, dévote, scrupuleuse, voilée comme une nonne… et qui porte peut-être un cilice sur « le plus magnifique corps qui soit », selon l’expression de Séphora. En tout cas, elle n’a plus jamais adressé la parole à Zoris…