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l’image de la femme nue

Zoris avala de nouveau le contenu d’une fiole, et il expliqua d’une voix à peine perceptible :

— La côte a fléchi, il y a dix ou douze siècles comme vous le savez… sauf le coin du massif rocheux où nous sommes… Mais la mer travaille au sud… Au nord l’eau salée attaque les bases, use, démolit… Et puis le vent, les tempêtes… tout cela est ébranlé par moments. J’ai remarqué des fissures, çà et là, sur le mur de la terrasse, ou bien des creusements au pied des roches comme au pied du rempart qui nous protège du mistral… Tout cela correspond aux petites croix rouges. Il semble surtout que le promontoire est menacé, ainsi que la montée des grottes… Un jour ou l’autre, un ouragan arrachera tout, le sol s’effondrera, et ce sera ici, comme il y a dix ou douze siècles, la mer… la mer… et puis tout le delta, les étangs de Camargue, et plus tard, dans des siècles, on la retrouvera, elle, ensevelie, mutilée, morte, mais toujours belle…

Il ajouta, dans un soupir :

— Toujours belle… toujours impudique…