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L’AIGUILLE CREUSE

Gesvres et la bâillonnèrent avant qu’elle n’ait eu le temps d’appeler. Puis, l’ayant attachée avec des cordes, ils ouvrirent très doucement la porte de la chambre où dormait Mlle de Saint-Véran. Mlle de Gesvres entendit un gémissement étouffé, puis le bruit d’une personne qui se débat. Une minute plus tard, elle aperçut les deux hommes qui portaient sa cousine également liée et bâillonnée. Ils passèrent devant elle et s’en allèrent par la fenêtre. Épuisée, terrifiée, Mlle de Gesvres s’évanouit.

— Mais les chiens ? M. de Gesvres n’avait-il pas acheté deux molosses presque sauvages qu’on lâchait la nuit ?

— On les a retrouvés morts, empoisonnés.

— Mais par qui ? Personne ne pouvait les approcher.

— Mystère ! Toujours est-il que les deux hommes ont traversé sans encombre les ruines et sont sortis par la fameuse petite porte. Ils ont franchi le bois taillis, en contournant les anciennes carrières… Ce n’est qu’à cinq cents mètres du château, au pied de l’arbre appelé le Gros-Chêne, qu’ils se sont arrêtés… et qu’ils ont mis leur projet à exécution.

— Pourquoi, s’ils étaient venus avec l’inten-