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L’AIGUILLE CREUSE
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l’impression qu’on s’arrêtait à différentes stations et que des personnes montaient et descendaient. À son réveil, en vue de Rouen, il était encore seul. Mais sur le dossier de la banquette opposée, une large feuille de papier, fixée par une épingle à l’étoffe grise, s’offrait à ses regards. Elle portait ces mots :

« Chacun ses affaires. Occupez-vous des vôtres. Sinon, tant pis pour vous. »

— Parfait ! dit-il en se frottant les mains. Ça va mal dans le camp adverse. Cette menace est aussi stupide que celle du pseudo-cocher. Quel style ! on voit bien que ce n’est pas Lupin qui tient la plume.

On s’engouffrait sous le tunnel qui précède la vieille cité normande. En gare, Isidore fit deux ou trois tours sur le quai pour se dégourdir les jambes. Il se disposait à regagner son compartiment, quand un cri lui échappa. En passant près de la bibliothèque, il avait lu distraitement, à la première page d’une édition spéciale du Journal de Rouen, ces quelques lignes dont il percevait soudain l’effrayante signification :

« Dernière heure. — On nous téléphone de Dieppe que, cette nuit, des malfaiteurs ont