Page:Leblanc - L’Aiguille creuse, 1912.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.
L’AIGUILLE CREUSE
57

de s’habiller des pieds à la tête, au lieu de se vêtir sommairement ? J’ai visité sa chambre le premier jour, tandis que vous déjeuniez : ses pantoufles étaient au pied de son lit. Qui l’empêcha de les mettre plutôt que de chausser ses lourdes bottines ferrées ?

— Jusqu’ici, je ne vois pas…

— Jusqu’ici, en effet, vous ne pouvez voir que des anomalies. Elles m’ont paru cependant beaucoup plus suspectes quand j’appris que le peintre Charpenais, — le copiste des Rubens, — avait été présenté au comte de Gesvres par Jean Daval lui-même ?

— Eh bien ?

— Eh bien ! de là à conclure que Jean Daval et Charpenais étaient complices, il n’y a qu’un pas. Ce pas, je l’avais franchi lors de notre conversation.

— Un peu vite, il me semble.

— En effet, il fallait une preuve matérielle. Or, j’avais découvert dans la chambre de Daval, sur une des feuilles du sous-main où il écrivait, cette adresse, qui s’y trouve encore d’ailleurs, décalquée à l’envers par le buvard : « Monsieur A. L. N., bureau 45, Paris. » Le lendemain, on découvrit que le télégramme envoyé de Saint-Nicolas par le pseudo-cocher portait cette même adresse : « A. L. N., bureau