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L’AIGUILLE CREUSE

— Alors je ne comprends plus… Qui donc est le meurtrier de Jean Daval ?

— Jean Daval a été tué par…

Beautrelet s’interrompit, demeura pensif un instant et reprit :

— Mais auparavant il faut que je vous montre le chemin que j’ai suivi pour arriver à la certitude, et les raisons mêmes du meurtre… sans quoi mon accusation vous semblerait monstrueuse… Et elle ne l’est pas… non, elle ne l’est pas… Il y a un détail qui n’a pas été remarqué et qui cependant a la plus grande importance, c’est que Jean Daval, au moment où il fut frappé, était vêtu de tous ses vêtements, chaussé de ses bottines de marche, bref, habillé comme on l’est en plein jour, avec gilet, faux-col, cravate et bretelles. Or, le crime a été commis à quatre heures du matin.

— J’ai relevé cette bizarrerie, fit le juge. M. de Gesvres m’a répondu que Daval passait une partie de ses nuits à travailler.

— Les domestiques disent au contraire qu’il se couchait régulièrement de très bonne heure. Mais admettons qu’il fût debout : pourquoi a-t-il défait son lit, de manière à faire croire qu’il était couché ? Et s’il était couché, pourquoi, en entendant du bruit, a-t-il pris la peine