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L’AIGUILLE CREUSE

Chaque jour, durant cinq mois, du matin jusqu’au soir, Charpenais travailla dans ce salon. Ce sont les copies qu’il a faites, cadres et toiles, qui ont pris la place des quatre grands tableaux originaux légués à M. de Gesvres par son oncle, le marquis de Bobadilla.

— La preuve ?

— Je n’ai pas de preuve à donner. Un tableau est faux parce qu’il est faux, et j’estime qu’il n’est pas même besoin d’examiner ceux-là.


M. Filleul et Ganimard se regardaient sans dissimuler leur étonnement. L’inspecteur ne songeait plus à se retirer.

À la fin, le juge d’instruction murmura :

— Il faudrait avoir l’avis de M. de Gesvres.

Et Ganimard approuva :

— Il faudrait avoir son avis.

Et ils donnèrent l’ordre qu’on priât le comte de venir au salon.

C’était une véritable victoire que remportait le jeune rhétoricien. Contraindre deux hommes de métier, deux professionnels comme M. Filleul et Ganimard, à faire état de ses hypothèses, il y avait là un hommage dont tout autre se fût enorgueilli. Mais Beautrelet paraissait insensible à ces petites satisfactions d’amour-