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L’AIGUILLE CREUSE
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— Au lycée Janson, rue de la Pompe, numéro…

— Ah ça, mais, s’exclama M. Filleul, vous vous moquez de moi ! Il ne faudrait pas que ce petit jeu se prolongeât !

— Je vous avoue, Monsieur le juge d’instruction, que votre surprise m’étonne. Qu’est-ce qui s’oppose à ce que je sois élève au lycée Janson ? Ma barbe peut-être ? Rassurez-vous, ma barbe est fausse.

Isidore Beautrelet arracha les quelques boucles qui ornaient son menton, et son visage imberbe parut plus juvénile encore et plus rose, un vrai visage de lycéen. Et, tandis qu’un rire d’enfant découvrait ses dents blanches :

— Êtes-vous convaincu, maintenant ? Et vous faut-il encore des preuves ? Tenez, lisez, sur ces lettres de mon père, l’adresse : « Monsieur Isidore Beautrelet, interne au lycée Janson-de-Sailly. »

Convaincu ou non, M. Filleul n’avait point l’air de trouver l’histoire à son goût. Il demanda d’un ton bourru :

— Que faites-vous ici ?

— Mais… je m’instruis.

— Il y a des lycées pour cela… le vôtre.

— Vous oubliez, Monsieur le juge d’instruction, qu’aujourd’hui, 23 avril, nous sommes en pleines vacances de Pâques.