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L’AIGUILLE CREUSE

brosse et une barbe blonde mal taillée. Ses yeux brillaient d’intelligence. Il ne semblait nullement embarrassé et souriait d’un sourire sympathique où il n’y avait pas trace d’ironie.


M. Filleul l’observait avec une méfiance agressive. Les deux gendarmes s’avancèrent. Le jeune homme s’écria gaiement :

— Monsieur le juge d’instruction, il est clair que vous me soupçonnez d’être un des complices. Mais, s’il en était ainsi, ne me serais-je point esquivé au bon moment, selon l’exemple de mon camarade ?

— Vous pouviez espérer…

— Tout espoir eût été absurde. Réfléchissez, Monsieur le juge d’instruction, et vous conviendrez qu’en bonne logique…

M. Filleul le regarda droit dans les yeux, et sèchement :

— Assez de plaisanteries ! Votre nom ?

— Isidore Beautrelet.

— Votre profession ?

— Élève de rhétorique au lycée Janson-de-Sailly.

M. Filleul écarquilla des yeux effarés.

— Que me chantez-vous là ? Élève de rhétorique…