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L’AIGUILLE CREUSE

quante mètres, surgissait des flots le bloc impressionnant de l’Aiguille. À droite, tout près, c’était l’arc-boutant de la porte d’Aval, à gauche, très loin, fermant la courbe harmonieuse d’une vaste crique, une autre arche, plus imposante encore, se découpait dans la falaise, la Manneporte (magna porta), si grande, qu’un navire y aurait trouvé passage, ses mâts dressés et toutes voiles dehors. Au fond, partout, la mer.

— Je ne vois pas notre flottille, dit Beautrelet.

— Impossible, fit Ganimard, la porte d’Aval nous cache toute la côte d’Étretat et d’Yport. Mais tenez, là-bas, au large, cette ligne noire, au ras de l’eau…

— Eh bien ?…

— Eh bien, c’est notre flotte de guerre, le torpilleur numéro 25. Avec ça, Lupin peut s’évader… s’il veut connaître les paysages sous-marins.

Une rampe marquait l’orifice de l’escalier, près de la fissure. Ils s’y engagèrent. De temps à autre, une petite fenêtre trouait la paroi, et chaque fois ils apercevaient l’Aiguille, dont la masse leur semblait de plus en plus colossale.