Page:Leblanc - L’Aiguille creuse, 1912.djvu/277

Cette page a été validée par deux contributeurs.
L’AIGUILLE CREUSE
263

route du Havre à Lille. Par Victoire, j’irai facilement jusqu’à Lupin.

— Ce sera long.

— Qu’importe ! J’ai lâché toutes mes affaires. Il n’y a plus que celle-là qui compte. Entre Lupin et moi c’est une lutte… une lutte à mort.

Il prononça ces mots avec une sorte de sauvagerie où l’on sentait toute la rancœur des humiliations senties, toute une haine féroce contre le grand ennemi qui l’avait joué si cruellement.

— Allez-vous-en, murmura-t-il… on nous regarde… c’est dangereux… Mais rappelez-vous mes paroles : le jour où Lupin et moi nous serons l’un en face de l’autre, ce sera… ce sera tragique.

Beautrelet quitta Sholmès tout à fait rassuré : il n’y avait pas à craindre que l’Anglais le gagnât de vitesse.

Et quelle preuve encore lui apportait le hasard de cette entrevue ! La route du Havre à Lille passe par Dieppe. C’est la grande route côtière du pays de Caux ! La route maritime qui commande les falaises de la Manche ! Et c’est dans une ferme voisine de cette route que Victoire était installée. Victoire, c’est-à-dire Lupin, puisque l’un n’allait pas sans