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L’AIGUILLE CREUSE
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teau fut ramassé ici même. Il provient de la panoplie du salon d’où ma nièce, Mlle de Saint-Véran, arracha le fusil. Quant à la casquette de chauffeur, c’est évidemment celle du meurtrier.

M. Filleul étudia encore certains détails de la pièce, adressa quelques questions au docteur, puis pria M. de Gesvres de lui faire le récit de ce qu’il avait vu et de ce qu’il savait. Voici en quels termes le comte s’exprima :

— C’est Jean Daval qui m’a réveillé. Je dormais mal d’ailleurs, avec des éclairs de lucidité où j’avais l’impression d’entendre des pas, quand tout à coup, en ouvrant les yeux, je l’aperçus au pied de mon lit, sa bougie à la main, et tout habillé… comme il l’est actuellement, car il travaillait souvent très tard dans la nuit. Il semblait fort agité, et il me dit à voix basse : « Il y a des gens dans le salon. » En effet, je perçus du bruit. Je me levai et j’entrebâillai doucement la porte de ce boudoir. Au même instant, cette autre porte qui donne sur le grand salon était poussée, et un homme apparaissait qui bondit sur moi et m’étourdit d’un coup de poing à la tempe. Je vous raconte cela sans aucun détail, Monsieur le juge d’instruction, pour cette raison que je ne me souviens que des faits principaux et que ces faits se