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L’AIGUILLE CREUSE
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manques… comment dirais-je ? tu manques de « primesaut ». Moi, j’ai le « primesaut ».

On entendait le halètement d’un moteur tout proche. Lupin saisit brusquement le bras de Beautrelet et, d’un ton froid, les yeux dans les yeux :

— Tu vas te tenir tranquille maintenant, hein ? tu vois bien qu’il n’y a rien à faire. Alors à quoi bon user tes forces et perdre ton temps ? Il y a assez de bandits dans le monde… Cours après, et lâche-moi… sinon… C’est convenu, n’est-ce pas ?

Il le secouait pour lui imposer sa volonté. Puis il ricana :

— Imbécile que je suis ! Toi me ficher la paix ? T’es pas de ceux qui flanchent… Ah ! je ne sais pas ce qui me retient… En deux temps et trois mouvements, tu serais ficelé, bâillonné… et dans deux heures, à l’ombre pour quelques mois… Et je pourrais me tourner les pouces en toute sécurité, me retirer dans la paisible retraite que m’ont préparée mes aïeux, les rois de France, et jouir des trésors qu’ils ont eu la gentillesse d’accumuler pour moi… Mais non, il est dit que je ferai la gaffe jusqu’au bout… Qu’est-ce que tu veux ? on a ses faiblesses… Et j’en ai une pour toi… Et