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L’AIGUILLE CREUSE
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et venait dans la pièce et regardait par les autres fenêtres, mais si !… ou du moins il semblait à ma fille qu’elle avait vu ce titre parmi les quelques milliers de bouquins qui encombrent la bibliothèque. Car, pour moi, messieurs, la lecture… Je ne lis même pas les journaux… Ma fille quelquefois, et encore ! pourvu que son petit Georges, le fils qui lui reste, se porte bien ! et pourvu, moi, que mes fermages rentrent, que mes baux soient en règle !… Vous voyez mes registres… je vis là-dedans, messieurs… et j’avoue que j’ignore absolument le premier mot de cette histoire, dont vous m’avez entretenu par lettre, monsieur Massiban…

Isidore Beautrelet, horripilé par ce bavardage, l’interrompit brusquement :

— Pardon, Monsieur, mais alors ce livre…

— Ma fille l’a cherché. Elle le cherche depuis hier.

— Eh bien ?

— Eh bien elle l’a retrouvé, elle l’a retrouvé il y a une heure ou deux. Quand vous êtes arrivés…

— Et où est-il ?

— Où il est ? Mais elle l’a posé sur cette table… tenez… là-bas…

Isidore bondit. Au bout de la table, sur un