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L’AIGUILLE CREUSE

laquelle venait d’être cruellement frappée par la perte de son mari et de son fils aîné, morts des suites d’un accident d’auto.

M. le baron fait prier ces messieurs de vouloir bien monter.

Le domestique les conduisit au premier étage, dans une vaste pièce aux murs nus, et simplement meublée de secrétaires, de casiers et de tables couvertes de papiers et de registres.

Le baron les accueillit avec beaucoup d’affabilité et ce grand besoin de parler qu’ont souvent les personnes trop solitaires. Ils eurent beaucoup de mal à exposer l’objet de leur visite.

— Ah ! oui, je sais, vous m’avez écrit à ce propos, monsieur Massiban. Il s’agit, n’est-ce pas, d’un livre où il est question d’une Aiguille, et qui me viendrait d’un ancêtre ?

— En effet.

— Je vous dirai que mes ancêtres et moi nous sommes brouillés. On avait de drôles d’idées en ce temps-là. Moi, je suis de mon époque. J’ai rompu avec le passé.

— Oui, objecta Beautrelet, impatienté, mais n’avez-vous aucun souvenir d’avoir vu ce livre ?…

— Mais si ! je vous l’ai télégraphié, s’écria-t-il en s’adressant à Massiban, qui, agacé, allait