Page:Leblanc - L’Aiguille creuse, 1912.djvu/213

Cette page a été validée par deux contributeurs.
L’AIGUILLE CREUSE
199

Somme toute, aucun témoignage matériel n’aurait pu prouver le passage de Lupin au château de l’Aiguille, et l’on aurait eu le droit de récuser les assertions de Beautrelet et de son père, de Valméras et de Mlle de Saint-Véran, si l’on n’avait fini par découvrir, dans une chambre contiguë à celle que la jeune fille occupait, une demi-douzaine de bouquets admirables auxquels était épinglée la carte d’Arsène Lupin. Bouquets dédaignés par elle, flétris, oubliés… L’un d’eux, outre la carte, portait une lettre que Raymonde n’avait pas vue. L’après-midi, quand cette lettre eut été décachetée par le juge d’instruction, on y trouva dix pages de prières, de supplications, de promesses, de menaces, de désespoir, toute la folie d’un amour qui n’a connu que mépris et répulsion.

Et la lettre se terminait ainsi : « Je viendrai mardi soir, Raymonde. D’ici là, réfléchissez. Pour moi, je ne veux plus attendre. Je suis résolu à tout. »

Mardi soir, c’était le soir même de ce jour où Beautrelet venait de délivrer Mlle de Saint-Véran.

On se rappelle la formidable explosion de surprise et d’enthousiasme qui éclata dans le