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L’AIGUILLE CREUSE
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— Mais enfin…

— J’ai peur…

— Vous avez peur !

— Oui, avoua Beautrelet ingénument… ce sont mes nerfs qui flanchent… j’arrive souvent à les commander… mais aujourd’hui, le silence… l’émotion… Et puis, depuis le coup de couteau de ce greffier… Mais ça va passer… tenez, ça passe…

Il réussit, en effet, à se lever, et Valméras l’entraîna hors de la chambre. Ils suivirent à tâtons un couloir, et si doucement, que chacun d’eux ne percevait pas la présence de l’autre.

Une faible lueur cependant semblait éclairer le vestibule vers lequel ils se dirigeaient. Valméras passa la tête. C’était une veilleuse placée au bas de l’escalier, sur un guéridon que l’on apercevait à travers les branches frêles d’un palmier.

— Halte ! souffla Valméras.

Près de la veilleuse, il y avait un homme en faction, debout, qui tenait un fusil.

Les avait-il vus ? Peut-être. Du moins quelque chose dut l’inquiéter, car il épaula.

Beautrelet était tombé à genoux contre la caisse d’un arbuste et il ne bougeait plus, le cœur comme déchaîné dans sa poitrine.

Cependant le silence et l’immobilité des