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L’AIGUILLE CREUSE

capables des pires trahisons, ces petites natures obéissent également à des élans de sincérité, et Beautrelet avait vu, dans ses yeux effrayés, la honte du mal qu’elle avait fait et la joie de le réparer en partie. Il ne doutait donc point que Châteauroux fût cette autre ville à laquelle Lupin avait fait allusion, et où ses complices devaient lui téléphoner.

Dès son arrivée à Paris, Beautrelet prit toutes les précautions nécessaires pour n’être pas suivi. Il sentait que l’heure était grave. Il marchait sur la bonne route qui le conduisait vers son père ; une imprudence pouvait tout perdre.

Il entra chez un de ses camarades de lycée et en sortit, une heure après, méconnaissable. C’était un Anglais d’une trentaine d’années, habillé d’un complet marron à grands carreaux, culotte courte, bas de laine, casquette de voyage, la figure colorée et un petit collier de barbe rousse. Il enfourcha une bicyclette à laquelle était accroché tout un attirail de peintre et fila vers la gare d’Austerlitz.

Le soir, il couchait à Issoudun. Le lendemain, dès l’aube, il sautait en machine. À sept heures, il se présentait au bureau de poste de Châteauroux et demandait la communication avec Paris. Obligé d’attendre, il liait conversation avec