Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
L’AGENCE BARNETT ET Cie

« Vous m’assurez, n’est-ce pas, que Mme Vernisson ne saura rien ? Ce serait terrible si elle savait… Pensez donc !… »

Barnett le conduisit, puis rentra, d’un air joyeux. Il se frottait les mains.

« Excellente partie, rapidement menée, et dont je tire quelque fierté. Tu vois comment ça se pratique, Béchoux ? Toujours ce même procédé, dont je me suis servi les autres fois où nous avons travaillé ensemble. On ne commence pas par accuser celui qu’on soupçonne. On ne lui demande aucune explication. On ne s’occupe même pas de lui. Mais alors qu’il ne se défie pas, on reconstitue peu à peu en sa présence toute l’aventure. Il revit le rôle qu’il a tenu. Il assiste, de plus en plus effaré, à la mise en plein jour de tout ce qu’il croyait à jamais enfoui dans les ténèbres. Et il se sent si bien enveloppé, ficelé, impuissant, confondu… il sait si bien que l’on a réuni contre lui toutes les preuves nécessaires… ses nerfs sont soumis à telle épreuve, qu’il ne songe même pas à se défendre ou à protester. N’est-ce pas, monsieur le baron ? Nous sommes d’accord, hein ? Et je n’ai pas besoin de les étaler, mes preuves ? Celles-là vous suffisent ? »

Le baron de Gravières devait éprouver les impressions mêmes que Barnett décrivait, car il ne cherchait pas à faire front à l’attaque et à dissimuler sa détresse. Il n’aurait pas eu une attitude différente s’il avait été pris en flagrant délit.

Jim Barnett s’approcha de lui, et, avec beaucoup d’aménité, le rassura.

« Vous n’avez d’ailleurs rien à craindre, monsieur le