Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
L’AGENCE BARNETT ET Cie

— Fermez les volets, monsieur le curé, et croisez les rideaux. — Monsieur Vernisson, prêtez-moi votre chapeau et votre pardessus. »

Jim Barnett se coiffa du chapeau gris aux bords rabattus et se vêtit du pardessus marron au col relevé ; puis, lorsque la nuit fut complète dans la salle, il tira de sa poche une lampe électrique et se planta devant le curé, en envoyant le jet de lumière dans sa bouche ouverte.

« L’homme ! l’homme aux dents d’or, bredouilla l’abbé Dessole en regardant Barnet.

— De quel côté sont-elles, mes dents d’or, monsieur le curé ?

— À droite, et celles que j’ai vues étaient à gauche. »

Jim Barnett éteignit sa lampe, saisit l’abbé par les épaules et le fit pivoter plusieurs fois sur lui-même, comme une toupie. Puis, brusquement, il ralluma en disant d’un ton impérieux :

« Regardez en face de vous… bien en face. Vous voyez les dents en or, hein ? De quel côté ?

— À gauche », dit l’abbé stupéfait.

Jim Barnett écarta les rideaux et poussa les volets.

« À droite… ou à gauche… vous n’êtes pas très sûr. Eh bien, monsieur le curé, c’est ce qui s’est produit l’autre nuit. Quand vous vous êtes levé d’un bond, le cerveau confus, vous ne vous êtes pas avisé que vous tourniez le dos à la fenêtre, que vous étiez devant la cheminée, que l’individu ne se trouvait pas en face de vous, mais à côté, et qu’en allumant votre lampe, vous en projetiez la clarté non pas sur lui, mais sur son image reflétée par la glace. Et c’est ce même phénomène que j’ai provoqué en