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L’AGENCE BARNETT ET Cie

M. Vernisson pleurait, comme l’exigeait l’épitaphe. Il pleurait aussi d’avance en imaginant les représailles de Mme Vernisson. Cela seul évidemment comptait pour lui, et le reste de l’histoire lui demeurait étranger. Béchoux, le baron de Gravières et l’abbé Dessole écoutaient avec une attention passionnée.

« Ainsi donc, continua Barnett, voilà élucidé l’un des problèmes, la présence régulière à Vaneuil de M. Vernisson. Cette solution nous amène logiquement à résoudre l’énigme du trésor. Entre les deux faits la relation est étroite. Vous admettrez, n’est-ce pas, qu’un trésor aussi considérable doit exciter les imaginations et déchaîner les convoitises. L’idée du vol doit germer dans la cervelle de bien des visiteurs ou des bonnes gens du pays. Vol difficile à cause des précautions prises par M. le curé, mais moins difficile pour quelqu’un qui a l’occasion de connaître ces précautions, et la possibilité, depuis des années, d’étudier le terrain, de combiner son plan et de se soustraire au péril d’une accusation. Car tout est là. Ne pas être soupçonné. Et, pour n’être pas soupçonné, quel meilleur moyen que de détourner les soupçons sur un autre… vers cet homme, par exemple, qui revient furtivement dans le cimetière à date fixe, qui se cache, et que ses habitudes sournoises rendent suspect au premier chef ! Et alors, lentement, patiemment, s’échafaude le complot. Chapeau gris, pardessus marron, empreintes des chaussures, dents d’or, tout cela est minutieusement relevé. Le coupable sera cet inconnu, et non pas le véritable voleur, c’est-à-dire celui qui, dans l’ombre, familier peut-être du presbytère, poursuit ses manigances, année par année. »